En plein cœur de la « Terrasse des amis », le sourire d’Assia H. accueille du matin au soir la population martégale. Au snack-restaurant O’TOP, c’est elle la gérante et la seule employée.
Sous des habits décontractés et un accent prononcé du sud, se cache une mère cinquantenaire, patronne de sa propre entreprise. Son seul mot d’ordre au travail ? L’ambition. Et du travail, elle n’en manque pas. Seule gérante de son établissement sept jours sur sept, elle est également une femme engagée en association et une mère au foyer avant tout. « Toutes les femmes sont des chefs d’entreprise dans leur famille, leurs foyers, à la maison.» Elle évoque beaucoup de sacrifices pour en être arrivée là et une « envie de relever un challenge.»
« 24h ce n’est pas assez pour moi ! »
Et lorsqu’on évoque le mot « vacances » c’est un sourire en coin qu’elle laisse entrevoir. Pas de repos pour la travailleuse et ce n’est pas son amie Annonciade qui dira le contraire. « Je l’appelle la tornade ! » Actuellement divorcée, elle gère aujourd’hui seule son argent et subvient aux besoins de ses enfants. « J’ai vu beaucoup de femmes dépendre de leur mari et après un divorce qui se sont retrouvées à la rue. Je n’avais pas envie de vivre ça. »
« Tu n’as rien sans rien. »
Assia est une mère qui n’a jamais rejeté sa féminité. Sans retenue, elle décrit un passé compliqué avec les hommes au travail. Difficile, explique-t-elle, de supporter que les garçons à l’école la jugeaient incapable de choisir son métier. Chaussures de sécurité aux pieds, elle commence au lycée une formation scientifique, aspirant à devenir pilote d’avion. Une ambition loin de celles des jeunes filles de l’époque. « J’étais la seule fille au milieu de 20 garçons. Quand je leur disais que je voulais faire un métier d’homme, ils ne me prenaient pas au sérieux.» Une jeune fille déterminée à poursuivre son chemin, malgré qu’elle n’ait pas toujours écouté son cœur. « Pendant 30 ans on m’a dit que je n’y arriverai pas. J’ai quand même voulu m’accrocher.» C’est à 29 ans qu’elle arrive à la tête d’un salon de coiffure, puis d’une enseigne de prêt-à-porter avant de découvrir la restauration. Une expérience qu’elle considère aujourd’hui comme une réussite et qui lui a permis de faire ce qu’elle aime : le relationnel.
« Les femmes doivent être fortes. »
Pour Assia, l’important est aussi de transmettre sa motivation. Ancienne gérante de stagiaires devenues chefs à leur tour, elle encourage les femmes à croire en leurs capacités. « La preuve, je suis là ! ». Et chez elle, l’ambition reste une affaire de long terme. N’ayant pas pu poursuivre ses études dans sa jeunesse, elle décide en 2014 de rattraper ses rêves. « J’ai pris la décision de passer un concours par validation des acquis et j’ai décroché à 50 ans un BTS MUC. » Une simple question de dépassement de soi, qu’elle souhaite développer avec d’autres diplômes.
Pour Assia « l’école est un luxe » où elle ressent une vraie chance de recevoir une formation complète. Voyant son avenir dans le social, l’important pour elle reste de conserver sa générosité et donner quoi qu’il arrive. « Ma religion, c’est l’amour des autres ! »
C.G ©
Photo CG ©